NEKROLOG
BIOGRAPHIE DE ZOFIA JEŻEWSKA
Zofia Jeżewska est née le 15 juin 1911 à Varsovie dans une famille d’intelligentsia polonaise d’origine noble. Son père, Adam Czartkowski, a été botaniste, éminent historien de culture et pédagogue, auteur entre autres de deux remarquables monographies de Chopin et de Beethoven. Sa mère était pianiste.
Encore lycéenne (elle fréquenta la célèbre école de Cecylia Zylberg-Plater à Varsovie) Zofia se distinguait par son talent littéraire en écrivant des poèmes et faisant de belles traductions de la poésie latine, notamment Horace. Très sportive, férue de l’escrime, elle gagna même le titre de championne de Varsovie en fleuret. Cependant, elle choisit d’étudier l’économie à la Haute Ecole de Commerce, WSH. En 1933 elle débuta comme journaliste dans « Kurier Warszawski ». C’est au cours de ses études qu’elle rencontra son futur mari, Janusz Jeżewski, angliciste et économiste, qu’elle épousa en 1934. Avant la guerre elle travaillait comme journaliste. En avril 1939 est né son fils unique, Krzysztof Andrzej, futur poète, traducteur et essayiste.
Avec l’explosion de la guerre, son mari en tant qu’officier de l’armée polonaise étant fait prisonnier par les Allemands à la dernière bataille de Kock, le 6 octobre 1939, Zofia s’est retrouvée seule à la tête de sa famille. De surcroît,son père qui a été vice-directeur du célèbre lycée polonais de Gdańsk et correspondant politique de « Kurier Warszawski » où il publiait de 1931 à 1939 sous pseudonyme des articles virulents sur la montée du nazisme, était recherché par la gestapo : sa tête a été mise à prix comme celles de tous les Polonais éminents qui devaient être exterminés. Après avoir vécu quelque temps dans la clandestinité avec sa femme au Sud de Pologne, il est venu chercher refuge et protection chez sa fille.
C’est à cette époque extrêmement difficile, sous l’occupation nazie, où à chaque instant on risquait de perdre sa vie, que Zofia Jeżewska a fait preuve d’un courage, d’une énergie et d’une force de caractère exemplaires. Très sensible à l’injustice et au malheur d’autrui, elle s’intéressa au sort des Juifs dont les persécutions ont bientôt commencé. C’est ainsi qu’elle accueillit en 1941 chez elle son amie d’avant guerre, Apolonia (Hanna) Pilichowska qui avait perdu toute sa famille dans le ghetto de Varsovie et sa petite nièce Ela, alors âgée de neuf ans, dont la mère a été tué par les Allemands et que Hanna avait sorti du ghetto en flammes. Pendant toute la guerre, jusqu’à l’Insurrection de Varsovie en août 1944, Hanna et Ela habitaient avec les parents de Zofia dans son appartement de la Nouvelle Ville au bord de la Vistule. Cela faisait au total sept personnes à nourrir, y compris la bonne de son fils, Tola. Il faut souligner que l’appartement se trouvait au premier étage, alors que le rez-de-chaussée était occupé par… un corps de garde de l’armée allemande !! Il fallait un courage incroyable de la part de Zofia, car pour avoir caché des Juifs, il n’y avait qu’un seul châtiment : la peine de mort pour toute la famille ! Il fallait également une énergie et une ingéniosité extrêmes pour trouver de quoi survivre : c’est ainsi que Zofia et Hanna ont ouvert une petite maison de couture. Zofia s’occupait en plus du marché noir : vente et achat de dollars ce qui pouvait lui coûter la déportation à Auschwitz. Mieux encore : en risquant sa vie, elle dérobait avec des amis de la Résistance des camions pleins de produits dans des usines allemandes !
L’Insurrection de Varsovie (1 août 1944 – 2 octobre 1944) a ouvert un nouveau chapitre dans la vie de Zofia. S’étant trouvée au milieu de pires combats, à la Vieille Ville, elle y participa comme infirmière sauvant des vies, organisant la résistance et encourageant les combattants.
Après la guerre, elle n’a pas pu renouer avec son mari revenu après six ans de captivité dans un oflag allemand. Le divorce fut déclaré. Après quelques emplois passagers à Łódź, elle trouva du travail à la Radio Polonaise de Varsovie en 1948, mais seulement dans l’administration, car le gouvernement communiste avait interdit aux journalistes polonais d’avant guerre d’exercer leur profession. En automne 1954 elle fit venir à Varsovie son fils qui vivait jusqu’alors avec son grand-père à Łódź.
Ce n’est qu’après la grande libéralisation d’octobre 1956 que Zofia Jeżewska,grâce à son immense culture et son goût infaillible, a pu déployer tout son talent de journaliste, écrivain, auteur dramatique, critique d’art, de théâtre et critique musical. Elle s’est liée notamment à l’équipe du professeur Kazimierz Michałowski, célèbre archéologue polonais, qu’elle a accompagné lors des ses expéditions en Crimée, en Syrie, en Egypte et au Soudan. Toute seule elle partit explorer le Mexique. Elle publia après plusieurs livres relatant ces voyages :
En tête à tête avec le Sphinx, Et le sable recouvrit les traces…, Aux confins du temps, Trois levers du soleil, Au royaume du Serpent Emplumé. Elle publia également un recueil de nouvelles exotiques Sous la grande barrière de corail,
une courte biographie du philosophe polonais Leon Chwistek, qui fut son professeur avant la guerre, et quatre ouvrages sur Chopin dont la grande monographie de son père, Chopin vivant dans ses lettres et les souvenirs de ses contemporains ; elle a participé à la reconstruction de ce livre dont le manuscrit fut détruit pendant la guerre. Les autres constituent des guides des lieux fréquentés par Chopin en Pologne et à Varsovie ainsi qu’une histoire du Concours Chopin de Varsovie.
L’année 1981 où Zofia Jeżewska est passée à la retraite a été dramatique : ce fut l’année de l’état de guerre. Mais de nouveau, encore une fois, cela lui a donné l’occasion d’agir et de lutter au sein du mouvement Solidarność pour la justice, la liberté et la démocratie, car la chose qu’elle détestait le plus c’était l’esprit totalitaire, la tyrannie et l’obscurantisme idéologique.
Son dernier voyage, triomphal il faut le dire, elle l’a fait en 1991 en Australie où elle fut chaleureusement accueillie par Hanna Pilichowska et toute la communauté juive polonaise.
Elle s’est éteinte le 16 août 1995 à Varsovie et a été inhumée à Łódź, à côté de son père, au cimetière de Doły, dans l’allée des Hommes de mérite.
Zofia Jeżewska a laissé plusieurs œuvres inédites : le Journal du temps d’état de guerre 1981-1983, un roman, deux recueils de nouvelles, un volume d’interviews avec des gens célèbres, une biographie de la comtesse Delfina Potocka, des pièces de théâtre et des scénarios de cinéma dont un film sur Chopin.
Zmarł Henryk Giedroyc z paryskiej „Kultury”
Henryk Giedroyc przez blisko pół wieku – od 1952 do 2000 roku – odpowiadał za organizację prenumeraty i dystrybucję wydawnictw Instytutu Literackiego w Maisons-Laffitte. Był życzliwy i pomocny, współpracownicy nazywali go dobrym duchem paryskiej „Kultury”. Od 2003 roku, po śmierci Zofii Hertz, był prezesem Stowarzyszenia Instytutu Literackiego „Kultura”.
Henryk Giedroyc urodził się w 1922 roku w Warszawie. We wrześniu 1939 roku z bratem Jerzym opuścił Polskę. Po ewakuacji z Rumunii jako żołnierz Brygady Karpackiej brał udział m.in. w walkach pod Tobrukiem. Przeszedł cały szlak bojowy w Drugim Korpusie Polskim pod dowództwem generała Andersa. Po wojnie trafił do Anglii. W 1952 roku dołączył do zespołu „Kultury”. Jego żona Leda Pasquali zmarła w 2002 roku.
Henryk Giedroyc spocznie w podparyskim Le Mesnil-le-Roi obok innych twórców paryskiej „Kultury”: Jerzego Giedroycia, Józefa Czapskiego, Zofii i Zygmunta Hertzów.
Zgodnie z jego wolą Stowarzyszenie Instytutu Literackiego „Kultura” będzie kontynuować działalność, opiekując się własnymi bogatymi zbiorami archiwalnymi.
( tekst przesłany przez Rzeczpospolitą i przedrukowany 23.III.2010)
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