środa, 18 listopada 2009

"APOCALYPSE " FILM ( LIST DO A.LE GARREC-FRANCE 2

Association « Les Amis de C.K.Norwid »
21, rue Poulet 75018 Paris
c/o V. Wladkowski

Christophe Jezewski, président
14, Allée du Glacis, app. 411
93160 Noisy le Grand
e-mail : HYPERLINK "mailto:chrisjezewski@hotmail.com" chrisjezewski@hotmail.com

Paris, le 25 octobre 2009


Monsieur Alain Le Garrec
Direction de France 2
7, Esplanade de Henri de France
75907 Paris cedex 15

Monsieur,

Vous avez diffusé en septembre 2009 un film documentaire d’Isabelle Clarke et de Daniel Costelle sur la Deuxième Guerre mondiale intitulé « Apocalypse ». On s’attendait à une image plus ou moins complète de ce qu’était cette guerre, compte tenu de la longueur du document.

Cependant, quelle fut notre déception, voire indignation ! Il s’agit de l’absence presque totale
de la Pologne dans ce document, alors que ce pays a joué un des rôles clefs dans ce conflit !

Il suffit de le comparer à l’extraordinaire film anglais sur le même sujet, celui de Laurence Rees et Andrew Williams, diffusé le 7 mai 2009 sur France 3 et coproduit par BBC, KCET
Hollywood et France Télévision, durant à peine 3 heures (donc la moitié de l’ «Apocalypse »)
où la Pologne est abondamment présente ! 

Or, l’ »Apocalypse » d’Isabelle Clarke et de Daniel Costelle, perçu par le public comme un document d’histoire, fait preuve d’une ignorance stupéfiante, scandaleuse de l’histoire de ce pays à cette époque, alors qu’il existe des milliers de documents (films, livres d’histoire, mémoires etc.) qu’il serait si facile de consulter ! En fait, s’agit-il d’ignorance ou plutôt de parti pris, de caractère tendancieux ou carrément d’hostilité à peine voilée envers ce pays ?

Les auteurs du film ignorent-ils que la Pologne fut le premier pays en Europe à s’opposer militairement à l’Allemagne nazie et à lutter, toute seule, héroïquement, contre la plus puissante armée du monde durant un mois ? Cette bataille aurait duré sûrement beaucoup plus longtemps si la « Valeureuse armée soviétique » n’était pas venue lui planter le couteau dans le dos le 17 septembre grâce au pacte Ribbentrop-Molotov ! Et pourtant la Pologne avait signé des pactes de non-agression avec l’URSS en 1932 et avec l’Allemagne en 1934 ! De surcroît, est-il nécessaire de préciser qu’elle fut abandonnée à son sort par ses alliés, la France et la Grande Bretagne, qui se sont limitées seulement à déclarer la guerre à l’Allemagne ? Il est vrai que ce manque de soutien militaire à la Pologne leur a permis de se préparer à subir à leur tour l’agression allemande…

La seule chose que les auteurs du film aient remarqué de la campagne de septembre 1939,
c’est la charge de la cavalerie polonaise contre les chars allemands, légende forgée par la
propagande nazie et communiste. Ne savent-ils rien de Westerplatte, forteresse sur une presqu’île de la mer Baltique où 182 soldats polonais se sont défendus pendant une semaine contre 3.500 Allemands, ou de la bataille de Wizna où 720 Polonais combattirent pendant trois jours contre 42.000 soldats, 350 chars et 657 mortiers et canons allemands ? Ou du commandant Hubal qui à la tête de 500 cavaliers lutta contre l’ennemi jusqu’à juin 1940 en un pays entièrement occupé ?…

On croyait que le système diabolique de la propagande communiste qui consistait à mentir 24 heures sur 24, soit en manipulant des faits historiques, soit en les passant tout simplement sous silence, appartenait au passé. Or, en visionnant le film en question on a une pénible et irrésistible impression que les vieux démons sont de retour. Car, comment expliquer l’absence totale d’information sur l’Insurrection de Varsovie (août-septembre 1944), une des plus grandes tragédies de la Deuxième Guerre mondiale ; sur l’Armée de l’Intérieur (AK) sans doute la plus importante, la mieux organisée, et la plus efficace armée clandestine en Europe occupée (env. 385. 000 membres !) ; sur la contribution de la Pologne à l’effort allié pour combattre l’Allemagne nazie : ses trois armées y ont en effet participé sur trois fronts, à l’Ouest, à l’Est et à l’intérieur du pays. Celle du gén. Anders s’est fait remarquer vaillamment à Monte Cassino, pourtant il n’y a même pas un mot dans l’ »Apocalypse ». De même, le fameux code secret allemand Enigma a été déchiffré en 1932 déjà par trois mathématiciens polonais : Henryk Zygalski, Jerzy Rozycki, et Marian Rejewski et non pas par les Britanniques comme prétendent les auteurs du film. Les Anglais ont d’ailleurs fini par reconnaître le mérite des Polonais dans ce domaine. Quant aux redoutables fusées V1 et V2 qui ont semé la mort et la destruction sur Grande Bretagne, c’est justement l’Armée de l’Intérieur qui en a intercepté un exemplaire, l’a démonté et envoyé en Angleterre pour qu’il y soit analysé.

Ajoutons encore que parmi les meilleurs agents spéciaux de l’Intelligence Service il y avait
plusieurs Polonais tels l’extraordinaire Krystyna Skarbek (A. Holland vient d’achever un film sur elle à Hollywood) et Jerzy Iwanow-Szajnowicz, héros de la Pologne et de la Grèce dont les actions équivalaient à celles d’une division d’armée ! De surcroît, 10% de pilotes de la Royal Air Force étaient Polonais…


Somme toute, la Pologne est presque absente de l’« Apocalypse ». Alors tout le formidable élan vers la liberté, tout le martyre, tout le sacrifice de près de six millions de citoyens polonais et de leurs indescriptibles souffrances n’ont-ils servi à rien ? Les auteurs de l’ »Apocalypse » ont-ils décidé de les condamner à l’oubli ? Qui a l’intérêt de fausser à nouveau l’histoire en 2009 ? Est-ce encore possible en pleine Europe unie ?

Ainsi le mal est fait. Mais, pour le réparer, ne pensez-vous pas qu’il serait juste et judicieux d’organiser une grande table ronde avec la participation d’historiens français, anglais et polonais ? Vos auditeurs vous en seraient sûrement fort reconnaissants. La vérité fait toujours du bien !

Recevez l’expression de mes
sentiments distingués

Christophe Jezewski, poète,
écrivain et traducteur
Lauréat du PEN-club polonais

Au nom de quelques centaines de milliers
de Polonais vivant en France

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